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Réserve naturelle

Le bocage traditionnel (avant le remembrement et l'arrachage irraisonné des haies) est l'habitat le plus riche en biodiversité des climats tempérés européens. De plus, le bocage jardiné de la Ferme Ornée, par l'ajout de nombreuses espèces végétales exogènes produisant fleurs et fruits en toutes saisons, offrant ainsi gîte et couvert à de nombreuses espèces animales, enrichit encore cette biodiversité. N'oublions pas l'absence totale de traitements chimiques qui permet à nombre d'insectes de s'installer ou se re-installer rapidement (y compris dans les zones humides : mares, fossés et prairies inondables).

La gestion de l'ensemble (15 hectares en 2021) organisée dans un but pédagogique et expérimental, nous offre le luxe d'échapper aux impératifs de rendements. Pour commencer (et de manière évidente) les fruits ne sont pas traités chimiquement et "ici, on peut manger la peau des pommes". Ou encore certaines espèces de la flore locale (par exemple les orchidées – Orchis masculata, Orchis palustris) peuvent retrouver leurs habitats traditionnels grâce au pâturage des moutons. De manière moins immédiate, la conduite à plus long terme de notre gestion conduit à la restauration de certains milieux : les haies et bosquets largement agrandis et replantés (actuellement pour un total d'environ 5 hectares) sont protégés des mêmes moutons, ce qui permet aux espèces de lisière ou de sous-bois de se développer (par exemple les jacinthes des bois, les géraniums, les ficaires, les stellaires...). Il faut insister ici sur le fait que c'est une situation remarquable, car dans le bocage traditionnel exploité pour l'élevage (ce qui était très courant en Normandie) les haies étaient broutées jusqu'aux pieds des arbres (donc peu de strate herbacée) et quelque fois jusqu'à l'écorce. Les seuls exemples équivalents sont les grands domaines en Grande-Bretagne dans lesquels le niveau de rendement est raisonné et permet la protection des grandes surfaces "inutiles" ou improductives. C'est le principe fondamental des Fermes Ornées : joindre l'utile à l'agréable.

Il s'agit donc d'atteindre un équilibre et surtout de l'entretenir. Nous ne sommes pas dans une forêt primaire d'Amazonie, mais dans un milieu fortement anthropisé (cultivé par des générations et des générations de paysans Normands). Nous devons donc intervenir. Bien sûr le jardinage que nous proposons est le plus doux possible, le plus possible "avec la nature" (et pas contre), et le plus respectueux des caractéristiques de chaque espèce vivante (la taille que nous effectuons sur les arbres et arbustes suit le développement futur et la dimension "adulte" du sujet). De la même manière une gestion différenciée selon les milieux nous conduit à intervenir le moins possible sur les prairies inondables qui abritent des espèces telles que joncs, carex, reine des prés, populage des marais... Il nous faut uniquement garder le milieu ouvert (pâturage en été) pour empêcher les saules de couvrir les parcelles (actuellement pour un total d'environ 4 hectares).

C'est ainsi que nous "jardinons" la réserve naturelle de la Ferme Ornée de Carrouges afin de sauvegarder une biodiversité optimum.

Milieux humides


Un ensemble de 3 grandes mares (2000 m2 + 1000 m2 + 1000 m2) en chapelet se remplissant par trop-plein, exposées au soleil ainsi que plusieurs petites mares (à l'ombre  dense ou à mi-ombre) offrent des habitats de choix pour beaucoup de petites bêtes.


Les prairies humides où poussent de nombreuses espèces de grandes herbacées (reine des près, carex spp , joncs spp , masette, grands chardons - Cirsium palustre...) abritent les nids du bruant des roseaux (dernier habitat et abri pour ce passereau assez difficile en Normandie).


Les batraciens sont bien représentés : grenouilles rousses et vertes, rainette arboricole, tritons palmés et alpestre, crapauds...


Les libellules

La vie aquatique de leurs larves impose une bonne qualité de l'eau (grâce à l'absence de traitement chimique depuis 20 ans).

Oiseaux

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Mammifères


S'ils sont moins visibles que les oiseaux pendant la journée (beaucoup ont des moeurs nocturnes, à l'exception des écureuils qui se sont réinstallés en nombre depuis le rétablissement des haies et l'ajout de conifères), on peut néanmoins observer de nombreuses traces au fil de la promenade.

Les traces les plus faciles à voir sont celles des chevreuils qui grattent les écorces (par ordre de préférence : les conifères, les magnolias, les calycanthus) ou-et broutent les feuilles (étonnamment les mahonias et encore les calycanthus).

Les renards très nombreux laissent des crottes sur les taupinières, et, par temps de neige, leurs empreintes bien visibles le matin montrent qu'ils patrouillent chaque nuit même tout près de la maison. D'autres crottes plus fines et délicatement déposées sur les grosses pierres sont celles des fouines. Autres espèces discrètes : les belettes (qui profitent des tas de bois) et les blaireaux (terriers permanents dans un bosquet). Beaucoup plus rare : l'hermine (2 observations en 20 ans). Et parmi les très petits : campagnols spp, musaraignes spp, muscardin (nombreux nids) et le rare lérot (1 observation).

Grand absent : le lapin (très présent jusqu'en 2012-2013) de nouveau décimé par la myxomatose. Ce qui explique les difficultés que nous rencontrions avec les épimédiums avant 2013 et la grande réussite actuelle. Sur une période de 20 ans, nous avons constaté des "cycles" de "surpopulation" de lapins pendant une douzaine d'année puis de chevreuils en ce moment. A suivre.

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